Le 5 février, Statistique Canada a publié des données sur le commerce international de marchandises pour décembre 2015, dont le total annuel des exportations et importations de l’Ontario par catégorie et par pays. Selon le rapport, 2015 s’est conclue par une hausse forte en apparence de 10,5 %[1] de la valeur des exportations internationales de l’Ontario, un chiffre comparable au gain de 8 % en 2014.
Toutefois, ce chiffre est trompeur, car cette croissance apparente des exportations ontariennes en 2015 découle essentiellement d’un gain unique attribuable à la chute de 14 % du dollar canadien par rapport au dollar américain l’an dernier, et non à une hausse réelle du volume d’exportation.
Comme le prix des exportations canadiennes à destination des États-Unis est souvent indiqué en devise américaine, une perte de valeur du huard signifie que les exportateurs ontariens touchent en fait plus d’argent pour un même volume de marchandise. Résultat : bien que la valeur des exportations de l’Ontario aux États-Unis exprimée en dollars canadiens ait augmenté de 12,1 % en 2015, elle a chuté de 3,2 % si on l’exprime en dollars américains.
La chute marquée de la valeur du dollar canadien par rapport à 2012 devait se traduire par une compétitivité accrue des exportateurs ontariens, donc par une augmentation de leurs ventes sur le marché américain. En surface, les résultats d’exportation positifs de l’an dernier peuvent donner l’impression que les exportateurs ontariens se sont finalement remis de la récession mondiale de 2008-2009 et que les ventes aux États-Unis ont repris du poil de la bête. Or, jusqu’à ce jour, la chute du huard n’a pas entraîné de hausse significative du volume des exportations internationales de l’Ontario, particulièrement aux États-Unis. À vrai dire, les exportations ontariennes aux États-Unis – exprimées en dollars américains – n’ont presque pas bougé depuis le début du recul du dollar canadien par rapport à la devise américaine en 2013 (voir le tableau).
L’estimation des exportations réelles[2] de l’Ontario en 2015 ne sera pas connue avant la publication des Comptes économiques de l’Ontario (CEO) du quatrième trimestre de 2015, qui devraient être prêts en avril. Toutefois, au cours des trois premiers trimestres de l’année, les exportations internationales réelles de l’Ontario ont connu une croissance anémique, inférieure à celle d’autres secteurs, comme les dépenses de consommation et l’investissement résidentiel.
Par conséquent, les résultats commerciaux de l’Ontario l’an dernier sont décevants, car les exportations ne semblent pas avoir contribué à la croissance économique réelle de la province (estimée à environ 2,4 %). Qui plus est, le coup de pouce aux exportations nettes de l’Ontario se fait encore attendre au début de 2016.
David West (dwest@fao-on.org)
Bureau de la responsabilité financière de l’Ontario
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[1] En dollars non indexés.
[2] Les exportations réelles mesurent le volume des échanges indépendamment de l’effet des changements de prix, y compris ceux provoqués par une fluctuation des taux de change.
Exportation de marchandises de l’Ontario aux États-Unis
Ce graphique illustre les exportations de marchandises de l’Ontario vers les États-Unis, de 2005 à 2015. Il montre deux courbes : la valeur des exportations exprimée en dollars canadiens, et la valeur en dollars américains. La valeur des exportations a reculé de 3,2 % en 2015 en dollars américains, mais en raison de la dépréciation du huard par rapport au dollar américain, elle a augmenté de 12,1 % si on la mesure en dollars canadiens.